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Jardin Majorelle et son Musée

Jacques Majorelle disait : « Le peintre a la modestie de tenir cet enclos de verdures fleuries pour sa plus belle œuvre  ». Il en parle comme «  …des vastes splendeurs dont j’orchestre l’harmonie. Ce jardin est une tâche terrible, à laquelle je me donne tout entier. Il me prendra mes dernières années et je tomberai épuisé, sous ses branches après lui avoir donné tout mon amour.  » La célébrité du jardin créé par Jacques Majorelle dans sa propriété acquise en 1923 en bordure de la palmeraie de Marrakech accompagnera, voire dépassera, celle de ses œuvres peintes. Au fur et à mesure de ses voyages, l’artiste s’est fait jardinier pour rapporter des quatre coins du monde, ou échanger avec de lointains correspondants aussi passionnés de botanique que lui des centaines de variétés rares d’arbres et de plantes :  cactées, palmiers, bambous, cocotiers, thuyas, saules, caroubiers, jasmins, agaves, nymphéas, daturas, cyprès, bougainvilliers, fougères arborescentes…, sont disposés, au gré d’une composition picturale du peintre ou même de l’architecte cette fois, autour d’un long bassin central et d’un méandre d’allées irrégulières aux murets courbes et peints, entre ombre et lumière.

La couleur introduite par Jacques Majorelle en 1937 dans son jardin, sur les murs de son atelier d’abord, puis dans tout son domaine, en fait encore plus une véritable et fascinante œuvre d’art. Sont aussi coloriés avec audace et génie les portails, les pergolas, les jarres de céramique et les divers bâtiments, de vifs tons primaires où domine ce qui deviendra le «  bleu Majorelle  », ce bleu outre-mer, cobalt, «  qui rappelle l’Afrique  »  ; fort, profond, intense, il fait ressortir et chanter les verts des feuillages. C’est en 1980 que Yves Saint Laurent et Pierre Bergé achètent le jardin Majorelle et le sauvent ainsi d’un projet de complexe hôtelier qui signifiait sa complète disparition. Les nouveaux propriétaires décident d’habiter la villa de l’artiste, rebaptisée Villa Oasis, et entreprennent d’importants travaux de restauration du jardin pour « …faire du jardin Majorelle le plus beau jardin -celui que Jacques Majorelle avait pensé, envisagé. » Des systèmes d’irrigation automatique qui adaptent la répartition de l’eau selon les heures de la journée et les besoins spécifiques de chaque plante sont installés et la flore du jardin est augmentée de 135 espèces en 1999 à 300 aujourd’hui. De nouveau, une équipe de 20 jardiniers travaille chaque jour à l’entretien du jardin, des ses bassins et fontaines. L’atelier du peintre est transformé en un musée berbère ouvert au public et dans lequel les collections personnelles d’Yves Saint Laurent et de Pierre Bergé sont exposées. Les parures sont l’expression de l’identité tribale et du statut social de la femme qui les porte. Elles sont aussi une forme d’épargne disponible selon les aléas économiques d’une société paysanne. Elles ont en commun d’être réalisées en argent selon trois techniques et décors propres à chaque région : moulage, ciselage et filigrane, puis émaillage, niellage, gravure et sertissages de cabochons de couleur. C’est le domaine d’artisans bijoutiers remarquables, souvent itinérants. Les colliers sont composés par les femmes qui associent, selon un mode propre à leur région, ambre, corail, amazonite et éléments d’argent. Autant de matériaux et de formes symboliques aux vertus prophylactiques. Du Rif au Sahara, les groupes berbères, sédentaires ou nomades, manifestent un goût très affirmé pour l’apparat. Vêtements, parures et accessoires attestent de leur identité. Dans le cadre d’un système très codifié, tissages, couleurs, motifs propres à chaque groupe, hommes et femmes berbères créent leur «habit de fête». C’est ainsi que lors de grands rassemblements – mariages, moussems – ce n’est pas l’uniformité qui s’offre au regard, mais une chaleureuse et exubérante variété de silhouettes. Yves Saint Laurent disait : « Depuis de nombreuses années, je trouve dans le jardin Majorelle une source inépuisable d’inspiration et j’ai souvent rêvé à ses couleurs qui sont uniques ». Décédé le 1er juin 2008 à Paris, ses cendres ont été dispersées dans la roseraie de la villa Oasis et un mémorial, composé d’une colonne romaine ramenée de Tanger posée sur un socle où une plaque porte
son nom, a été construit dans le jardin ; les visiteurs peuvent ainsi se souvenir de lui et de son œuvre. 
« C’est la manière qu’ont les artistes de ne pas mourir tout à fait. » Après la mort d’Yves, Pierre Bergé fait don de l’ensemble à la Fondation qui porte nos deux noms à Paris.
-Le 27 novembre 2010, Son Altesse Royale la Princesse Lalla Salma a inauguré l’exposition 
Yves Saint Laurent et le Maroc en même temps que se créait la rue Yves Saint Laurent.